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LES FRANCS TIREURS

Le Jaguar connaissait à fond le caractère de ses soldats, il savait qu’il ne devait leur demander qu’une chose, l’impossible, et c’était l’impossible aussi qu’il voulait tenter.

Par les soins du nouveau commandant en chef, tous les capitaines de cuadrilla furent réunis en un conseil de guerre, afin de dresser un plan de campagne.

Chacun émit librement son opinion. Les débats furent courts : tous avaient la même idée, s’emparer au plus vite de l’hacienda del Mezquite, afin de couper les communications de l’armée mexicaine, de l’empêcher de recevoir des renforts des autres États de la Confédération, et de pouvoir, une fois maîtres de la forteresse, battre en détail des divers détachements mexicains disséminés sur le territoire du Texas.

Ce plan était d’une simplicité remarquable, le Jaguar résolut de le mettre immédiatement à exécution.

Après avoir laissé un détachement de cent cinquante chevaux pour assurer ses derrières et éviter toute surprise, il s’avança à marche forcée avec le gros de sa troupe sur le Mezquite avec l’intention de l’investir et de s’en emparer avant que les Mexicains n’eussent le temps d’y mettre garnison et d’y faire élever des retranchements.

Malheureusement, malgré toute la diligence que le Jaguar apporta dans l’exécution de son projet, les Mexicains, grâce à la longue expérience et au coup d’œil infaillible du général Rubio, avaient été plus prompts que lui, et la place était ravitaillée depuis deux jours déjà et en parfait état de défense,