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LES FRANCS TIREURS.

un héroïque élan, ils étaient venus se ranger sous les drapeaux du jeune chef et lui avaient juré obéissance afin de décider enfin l’affranchissement du pays.

Grâce à ce généreux concours de tous les chefs de partisans, le Jaguar se trouva du jour au lendemain à la tête de forces imposantes, c’est-à-dire qu’il réunit une armée d’environ onze cents hommes.

Que l’on ne sourie pas à ce nom d’armée donné à ce qui chez nous ne serait même pas la moitié d’un régiment.

Jamais jusqu’alors le Texas n’avait réuni autant de combattants sous un seul chef ; et puis tout est relatif dans le monde, les plus grandes masses n’accomplissent pas les plus beaux faits d’armes. N’avons-nous pas vu, il y a à peine quelques années, en Sonora, l’héroïque et infortuné comte de Raousset-Boulbon, à la tête seulement de deux cent cinquante Français déguenillés et à demi morts de faim et de fatigue, attaquer Hermosillo, ville de quinze mille âmes, fermée de murs et défendue par une garnison de douze cents hommes de troupes réglées et six mille Indiens, s’en emparer en une heure et y entrer, l’épée à la main, à la tête de ses soldats qui n’osaient eux-mêmes croire à leur héroïsme[1].

La petite armée du Jaguar était composée d’hommes aguerris par de longs combats, qui brûlaient de se mesurer avec les Mexicains, et qui surtout voulaient être libres ! Il n’en fallait pas plus pour qu’ils accomplissent des miracles !

  1. Voir la Fièvre d’or, 1 vol, in-12. Amyot, éditeur, rue de la Paix, 8, à Paris.