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LES FRANCS TIREURS

un fantôme derrière le chef apache, lui jeta les bras autour du corps, et l’enlevant avec une force inouïe il le renversa sur le sol, et lui appuya le genou sur la poitrine avant que le sachem, surpris et épouvanté par cette brusque attaque, eut essayé de se défendre.

Au cri poussé par le Renard-Bleu, une cinquantaine de guerriers apaches avaient apparu comme par enchantement.

Mais presque aussitôt les compagnons du chasseur qui, bien qu’invisibles, avaient attentivement suivi les péripéties de cette scène, s’étaient dressés aux côtés du Canadien.

Fray Antonio, duquel on était loin d’attendre tant de résolution, avait de deux coups de pistolet renversé deux Apaches, et s’était réuni aux blancs.

Deux groupes d’ennemis implacables étaient ainsi en face.

Malheureusement les chasseurs étaient bien faibles contre les nombreux ennemis qui les enveloppaient de toutes parts.

Cependant leur contenance ferme et leurs regards étincelants témoignaient de leur résolution immuable de se faire tuer jusqu’au dernier plutôt que de se rendre aux Peaux-Rouges.

C’était un spectacle imposant que celui offert par cette poignée d’hommes cernés de tous les côtés par des ennemis implacables et qui, cependant, semblaient aussi tranquilles que s’ils se fussent trouvés paisiblement assis au feu de leur campement.

Carméla et l’Oiseau-qui-chante, en proie à la plus vive terreur, se pressaient en tremblant auprès de leurs amis.