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LES FRANCS TIREURS.

Et il lui mit dans les mains une paire de pistolets.

Le moine les examina un instant avec soin, les tournant et les retournant comme pour s’assurer qu’ils étaient en bon état, puis il les cacha sous ses vêtements avec un mouvement de joie.

— Je ne crains plus rien maintenant, dit-il, je pars.

— Au moins, faut-il que je vous explique…

— À quoi bon ? interrompit le moine. Je dirai au Renard-Bleu que vous consentez à avoir une entrevue avec lui, mais que, comme vous ne vous souciez pas de vous rendre seul dans son camp, vous désirez le voir sans témoins au milieu de la prairie.

— C’est cela, et vous l’amènerez avec vous à l’endroit où je l’attendrai.

— J’essaierai du moins.

— C’est ainsi que je l’entends.

— Mais où l’attendez-vous ?

— Sur la lisière de la forêt.

— C’est convenu.

— Une dernière recommandation.

— Parlez.

— Tenez-vous toujours à quelques pas du chef, ni devant ni derrière, mais à sa droite, si c’est possible.

— Bien, bien, je comprends.

— Allons, bonne chance.

— Oh ! maintenant, je ne crains plus rien ; j’ai des armes.

Après avoir dit ces mots, le moine se leva et s’éloigna rapidement d’un pas ferme.

Le Canadien le suivit assez longtemps du regard.

— Est-ce un traître ? murmura-t-il.