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LES FRANCS TIREURS

furent bien assurés que les nouveaux venus étaient réellement des amis.

Les habitants de l’hacienda avaient déjà appris la nouvelle de la levée générale de boucliers, causée par la surprise de la conducta de plata. Aussi le mayordomo, qui commandait en l’absence de don Felipe de Valreal, propriétaire de l’hacienda, se tenait-il sur ses gardes.

Ce mayordomo, nommé don Félix Paz, était un homme de quarante-cinq ans au plus, d’une taille haute, bien prise et vigoureusement charpentée ; ses traits étaient énergiques et ses yeux étincelants ; il avait tout à fait l’apparence d’un complet ginete et d’un véritable hombre de a caballo, condition essentielle pour remplir les rudes devoirs de sa charge.

Ce mayordomo vint en personne recevoir le détachement mexicain à la porte de l’hacienda. Après avoir félicité le colonel, il l’informa que dès qu’il avait reçu la nouvelle de la révolte générale de la province, il avait fait rentrer tout le bétail dans l’intérieur de l’habitation, avait armé les employés de l’hacienda et avait fait mettre en état les pièces de canon braquées sur les plates-formes. Le colonel le félicita sur sa diligence, établit sa troupe dans les communs destinés aux peones et aux vaqueros, fit occuper militairement tous les postes, et, en compagnie du mayordomo, il passa une inspection sévère de l’intérieur de la forteresse.

Don Juan Melendez, fort au courant de l’incurie et de la nonchalante paresse de ses compatriotes, s’attendait à trouver l’hacienda en assez mauvais état. Ses prévisions furent trompées ; cette grande