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LES FRANCS TIREURS.

L’hacienda del Mezquite s’élevait comme un nid d’aigle au sommet d’un monticule dont les pentes assez abruptes n’avaient jamais été adoucies, la raideur de leur ascension étant considérée comme moyen de défense en cas d’attaque.

Des murs épais jaunis par le temps et dont à chaque angle on voyait, par les créneaux des plates-formes, sortir les gueules menaçantes de deux pièces de canon, donnaient à cette solide maison l’apparence d’une véritable forteresse.

Les Mexicains hâtèrent encore leur allure déjà si rapide afin d’arriver à l’hacienda avant l’ouverture des portes et la sortie du ganado.

Le spectacle qu’offrait cette plaine magnifique, au lever du soleil, avait quelque chose d’imposant.

L’hacienda, dont le faîte des hautes murailles était encore noyé de vapeurs ; les sombres forêts qui verdissaient au loin et qui s’étageaient en ondulations presque insensibles sur les contre-forts de la Sierra ; le ruban d’argent d’une mince rivière, qui serpentait en capricieux méandres à travers la plaine, et dont les eaux étincelaient sous les chauds rayons du soleil ; les bouquets de mezquites, de sumacs et d’arbres du Pérou qui surgissaient çà et là du sein des hautes herbes et rompaient agréablement la monotonie de la plaine, et, du milieu des buissons, les chants joyeux des oiseaux qui saluaient gaîment le retour du jour, tout, en un mot, semblait, dans ce séjour si paisible en ce moment, respirer la joie et le bonheur.

Les Mexicains atteignirent l’hacienda, dont les portes ne s’ouvrirent que lorsque les habitants se