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LES FRANCS TIREURS

cains de faire monter l’infanterie en croupe, les troupes exécutent leurs mouvements avec une rapidité qui tient du prodige, d’autant plus que les chevaux américains vont très-vite et endurent sans se blesser de grandes fatigues.

Les Américains du Sud sont, en général, fort durs pour leurs chevaux, dont ils ne prennent aucun soin. Jamais, dans l’intérieur des terres, un cheval, quelque temps qu’il fasse, ne passe la nuit autre part qu’en plein air. Chaque matin, il reçoit sa ration de toute la journée, demeurant parfois quatorze et même seize heures en marche sans s’arrêter et sans boire ; puis le soir arrivé, on lui ôte les harnais et on le laisse libre de chercher sa nourriture comme il pourra. Sur les frontières indiennes, où on a tout à redouter des Peaux-Rouges, qui sont grands amateurs de chevaux et ont pour les voler une adresse admirable, on use la nuit de certaines précautions : les chevaux sont entravés à l’amble dans l’intérieur du campement, et ils paissent les pois grimpants, les jeunes pousses des arbres et quelques mesures de maïs ou d’autres graines qu’on leur partage avec une extrême parcimonie.

Pourtant, malgré l’incurie avec laquelle on les traite, nous le répétons, ces chevaux sont fort beaux, vigoureux, d’une docilité extraordinaire et possèdent une allure excessivement rapide.

Le colonel Melendez arriva de bonne heure en vue de l’hacienda. Sa troupe s’était, pendant toute la nuit, avancée à marche forcée.

D’un coup d’œil rapide, le chef expérimenté des Mexicains explora les environs.

La plaine était solitaire.