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LES FRANCS TIREURS.

gnifiant, mais essayons au contraire de couper la crète à ces coqs qui, tout enorgueillis de leur éphémère triomphe, s’imaginent sans doute que nous sommes terrifiés et démoralisés par leur victoire.

— Soyez persuadé, général, que je vous aiderai de tout mon pouvoir ; quel que soit le poste que vous m’assigniez, je m’y ferai tuer avant que de le rendre.

— Un officier, mon ami, doit mettre de côté cette fougue qui sied si bien à un soldat, mais qui est une faute grave dans un chef chargé de la vie des hommes qu’on lui a confié ; n’oubliez pas que vous êtes une tête et non un bras.

— Je serai prudent, général, autant que me le permettra le soin de mon honneur.

— C’est cela, colonel, je ne vous demande pas davantage.

Don Juan s’inclina sans répondre.

— Ah ! çà, reprit au bout d’un instant le général, ces partisans ont donc des hommes capables à leur tête ?

— Très capables, général, connaissant à fond la guerre d’embuscade, et surtout d’une bravoure et d’un sang-froid au-dessus de tous éloges.

— Tant mieux, au moins nous aurons plus de gloire à les vaincre ; malheureusement, ils font la guerre comme de vrais sauvages, dit-on, massacrant sans pitié les soldats qui tombent entre leurs mains : du reste ce qui vous est arrivé à vous-même en est une preuve.

— Vous vous trompez, général ; quels que soient ces hommes et la cause pour laquelle ils combattent, il est de mon devoir de vous éclairer et