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LES FRANCS TIREURS.

— Oh ! oh ! fit Lanzi, je connais leur chef alors, et je sais son nom : c’est un des plus implacables ennemis des blancs. Que c’est donc malheureux que je n’aie pas réussi à l’ensevelir sous les ruines de la venta ; c’était pourtant bien mon intention, Dieu m’en est témoin.

— Quel est le nom de cet homme ? lui demanda brusquement le chasseur évidemment ennuyé de son verbiage.

— Le Renard-Bleu ! dit Lanzi.

— Ah ! fit Tranquille avec ironie et fronçant les sourcils d’un air de menace, effectivement je connais le Renard-Bleu depuis de longues années, et vous, chef ? ajouta-t-il en se tournant vers le Cerf-Noir.

Le nom du sachem apache avait produit sur le Pawnée une impression si grande, que le Canadien en fut effrayé.

Les Indiens conservent en toutes circonstances un masque d’impassibilité qu’ils tiennent à honneur de ne pas déchirer quoi qu’il arrive, mais le nom seul du Renard-Bleu, prononcé comme par hasard, avait suffi pour fondre cette indifférence de commande et faire oublier au Cerf-Noir l’étiquette indienne.

— Le Renard-Bleu est un chien, fils de coyote, dit-il en crachant à terre avec mépris ; les gypaètes dédaigneraient de dévorer son cadavre immonde.

— Ces deux hommes doivent avoir l’un pour l’autre une haine mortelle, murmura le chasseur, en jetant à la dérobée un regard sur les traits enflammés et les yeux étincelants du chef indien.