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LES FRANCS TIREURS

cuse d’une foule de mauvaises actions ; si j’essayais d’en faire une bonne, cela me changerait. Qui sait si je n’en serai pas récompensé plus tard ! Bah ! essayons toujours.

Tranquille et ses compagnons écoutaient avec une extrême surprise ce singulier monologue du moine, ne sachant trop ce qu’ils devaient penser de cet homme, et assez disposés à le croire fou.

Celui-ci s’aperçut de l’impression qu’il produisait sur ses auditeurs.

— Écoutez, dit-il d’une voix sérieuse, avec un léger froncement de sourcil, pensez de moi ce que bon vous semblera, cela m’est parfaitement égal ; seulement je ne veux pas qu’il soit dit que j’aie reconnu la cordiale hospitalité de gens de ma couleur par une odieuse trahison.

— Que voulez-vous dire ? s’écria Tranquille,

— Écoutez-moi ! j’ai prononcé le mot trahison, j’ai peut-être eu tort, car rien ne me prouve que c’en soit une ; cependant toutes espèces de raisons me portent à supposer que ce n’est pas autre chose qu’on voulait m’obliger à commettre à votre préjudice.

— Expliquez-vous, au nom du ciel ; vous parlez par énigmes, il est impossible de vous comprendre.

— Vous avez raison, je vais être clair ; qui de vous, señores, se nomme Tranquille ?

— C’est moi.

— Fort bien. À la suite de certaines circonstances dont le récit ne vous intéresserait nullement, je suis tombé malheureusement entre les mains des Apaches.