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LES FRANCS TIREURS

Et il lut :

« Le Jaguar a tenu sa parole ; de tous les Mexicains qui accompagnaient la conducta, un seul est vivant, libre et sans blessures : le capitaine don Juan Melendez de Gongora. Les amis du Jaguar auront-ils meilleure opinion de lui ? »

— C’est tout ? demanda Tranquille.

— Oui.

— Eh bien ! s’écria le chasseur, on dira ce qu’on voudra du Jaguar, vive Dieu ! c’est un brave cœur.

— N’est-ce pas, mon père ? murmura une douce voix à son oreille.

Tranquille tressaillit à cette parole et se retourna vivement.

Carméla était près de lui, calme et souriante.



IX

L’HOSPITALITÉ.


Nous avons dit que la nuit était tombée depuis quelque temps déjà ; il faisait sombre sous le couvert.

Le ciel noir roulait lourdement un chaos de nuages chargés d’électricité ; pas une étoile ne brillait sur la voûte céleste ; un vent d’automne sifflait par rafales dans les arbres, et, à chaque bouffée, couvrait la terre d’une pluie de feuilles mortes.

On entendait au loin les sourds et lugubres appels des bêtes fauves se rendant à l’abreuvoir, et les glapissements des coyotes dont par intervalles les