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LES FRANCS TIREURS.

justice resteront vainqueurs, et que les oppresseurs, cause de tous ces maux, seront à jamais chassés d’un territoire qu’ils ont trop longtemps souillé de leur indigne et odieuse présence.

— Dieu le veuille, répondirent les assistants d’une voix profonde.

— Mais comment êtes-vous parvenu à vous échapper de l’hacienda après l’arrivée des soldats, Quoniam ? reprit Tranquille.

— J’ai compris que si je m’amusais à admirer les uniformes et la belle prestance des troupes, lorsque l’ordre serait un peu rétabli, les portes seraient fermées et tout espoir de départ déçu pour longtemps. Sans rien dire j’ai mis pied à terre, et conduisant mon cheval par la bride, je me suis glissé à travers la foule, tant et si bien que je me suis enfin trouvé dehors ; alors je suis sauté en selle et j’ai piqué droit devant moi ; bien m’en a pris, je vous jure, car cinq minutes plus tard, toutes les portes furent fermées.

— Alors, vous êtes revenu tout droit ici ?

Quoniam sourit d’un air narquois.

— Vous croyez ? dit-il.

— Dame ! je le suppose du moins.

— Eh bien ! c’est ce qui vous trompe, compère ; je ne suis pas revenu tout droit ici, et pourtant ce n’était pas l’envie qui me manquait, je vous jure.

— Que vous est-il donc arrivé ?

— Vous allez voir, je n’ai pas encore fini.

— Alors, continuez ; mais soyez bref, si cela vous est possible.

— Chacun fait ce qu’il peut, on ne doit pas lui en demander davantage.