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LES FRANCS TIREURS

— Tous ! s’écria Tranquille avec stupeur.

— Tous ! reprit Quoniam, pas un n’a échappé, ç’a été un massacre épouvantable.

— Parlez plus bas, mon ami, reprit le chasseur en tournant la tête vers le jacal, Carméla pourrait vous entendre.

Le nègre fit un signe d’assentiment.

— Mais, continua-t-il en baissant le ton, cette victoire fut peu productive aux rôdeurs, car les Mexicains avaient eu le soin de précipiter l’or qu’ils portaient dans un gouffre d’où il fut impossible de le sortir.

— Bien joué, pardieu ! s’écria le Canadien, le capitaine Melendez est un brave.

— Était, vous voulez dire, reprit Quoniam.

— C’est juste, fit tristement le chasseur, continuez, mon ami.

— Cette victoire a mis le feu aux poudres, tout le Texas s’est soulevé, les villes et les pueblos sont en pleine révolte et les Mexicains sont traqués comme des bêtes fauves.

— Est-ce donc aussi sérieux que cela ?

— Beaucoup plus que vous ne le supposez. Le Jaguar est en ce moment à la tête d’une véritable armée, il a arboré le drapeau de l’indépendance texienne, et a juré de ne pas déposer les armes avant d’avoir rendu la liberté à son pays et d’avoir chassé le dernier Mexicain de l’autre côté des frontières.

Il y eut un moment de stupeur parmi les assistants.

— Est-ce tout ? demanda afin Tranquille.

— Pas encore, répondit Quoniam