Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
LES FRANCS TIREURS.

Le nègre ne se fit pas prier davantage, et il commença à vigoureusement attaquer les vivres que Tranquille avait mis en réserve et que le Cœur-Loyal venait d’étaler sur l’herbe.

Les chasseurs avaient hâte d’apprendre les nouvelles dont Quoniam se disait être porteur ; d’après ce qu’ils avaient été à même de voir depuis quelques jours, ils soupçonnaient qu’elles devaient avoir une certaine importance. Cependant, si grande que fût leur curiosité, ils parvinrent à la dissimuler, et ils attendirent patiemment que le nègre eût terminé son repas.

Celui-ci, qui se doutait de ce qui se passait dans l’esprit des assistants, ne mit pas leur patience à une longue épreuve ; il mangea avec la rapidité proverbiale des chasseurs, si bien qu’en un tour de main il eut terminé.

— Maintenant je suis tout à vous, dit-il en s’essuyant la bouche avec un pan de sa blouse, et prêt à répondre à toutes vos questions.

— Nous n’en avons aucune à vous adresser, dit Tranquille. C’est à vous, compère, à nous faire le récit succinct de ce qui vous est arrivé.

— Oui, je crois que cela vaudra mieux ainsi ; de cette façon, ce sera plus clair, et il vous sera plus facile de déduire les conséquences que vous jugerez convenables.

— Parfaitement raisonné, mon ami ; nous vous écoutons.

— Vous savez pourquoi je vous ai quitté ? commença Quoniam.

— Oui, on me l’a dit, et je vous ai fort approuvé.

— Tant mieux, parce que j’ai cru un instant