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LES FRANCS TIREURS

plus en plus sombre des hautes montagnes qui masquaient l’horizon, lorsque le pas pressé d’un cheval se fit entendre à peu de distance.

Les chasseurs saisirent leurs armes et s’embusquèrent derrière les troncs énormes des sumacs qui croissaient autour d’eux, afin d’être prêts à tout événement. En ce moment le cri de la hulotte bleue résonna à deux reprises différentes.

— Reprenez vos places autour du feu, dit Tranquille, c’est un ami.

En effet, quelques instants plus tard, les branches des arbustes craquèrent, les buissons furent brusquement écartés, et Quoniam parut.

Le nègre, après avoir salué les assistants d’un signe de tête, mit pied à terre et vint s’asseoir auprès du tueur de tigres.

— Eh bien ! compère, lui demanda aussitôt celui-ci, quoi de nouveau ?

— Beaucoup de choses, répondit-il.

— Ah ! ah ! vous avez donc pris des renseignements ?

— Je n’ai pas eu la peine d’adresser des questions ; il m’a suffi d’écouter pour apprendre en une heure plus de nouvelles que je n’aurais pu en découvrir en un an.

— Oh ! oh ! fit le Canadien, mangez un morceau, compère, puis lorsque votre appétit sera satisfait, vous nous ferez part de ce que vous avez entendu dire.

— Je ne demande pas mieux, d’autant plus qu’il y a certaines choses qu’il est bon que vous sachiez.

— Mangez donc sans plus tarder, afin d’être plus tôt à même de nous instruire.