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aux aventuriers et leur fit faire de nombreuses conjectures.

Cet animal n’était nullement sauvage ; il s’était laissé approcher assez facilement par le Cœur-Loyal, qui s’en était rendu maître sans que, se sentant lacé, il cherchât à se délivrer par des ruades ou des soubresauts.

De plus, et ce qui accroissait les inquiétudes de ses nouveaux propriétaires, il était complètement harnaché à la mexicaine.

Tranquille en conclut, après avoir réfléchi un instant, que les francs tireurs avaient attaqué l’escorte de la conducta de plata, et que l’animal, dont le cavalier avait été probablement tué, s’était échappé pendant le combat.

Mais qui était sorti vainqueur de cette lutte ?

Voilà ce que personne ne pouvait conjecturer.

Après une assez longue discussion, il fut enfin convenu que dès que la nuit serait complètement tombée, le Cerf-Noir irait aux informations, tandis que ceux qui demeureraient au camp redoubleraient de vigilance, de crainte de surprise de la part soit des rôdeurs de frontières, soit des soldats mexicains, car bien que les aventuriers fussent connus des deux partis, ils redoutaient cependant avec juste raison les excès auxquels ils pouvaient se laisser entraîner dans l’enivrement de la victoire.

Cette crainte, juste peut-être envers les soldats mexicains, ne l’était nullement à propos des hommes commandés par le Jaguar, et prouvait seulement que l’on avait d’eux la plus mauvaise, et en même temps la plus fausse opinion.

Le soleil allait disparaître derrière la masse de