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LES FRANCS TIREURS

seau-qui-chante, et aussitôt le repas terminé, elle l’avait emmenée dans le jacal, où toutes deux commencèrent à caqueter à qui mieux mieux.

Suivant le programme arrêté entre les aventuriers, le Cœur-Loyal et Tranquille prirent leurs rifles et, quittant le campement, ils s’enfoncèrent sous le couvert, chacun d’un côté opposé, en quête de gibier.

Le Cerf-Noir et Lanzi demeurèrent pour protéger les femmes au cas peu probable d’une attaque.

Les deux hommes, étendus sur le sol auprès l’un de l’autre, dormirent ou fumèrent avec cette apathie et cette nonchalante paresse, particulière aux hommes qui dédaignent de gaspiller en pure perte les forces et l’énergie qui, d’un moment à l’autre, peuvent leur être si nécessaires.

Plusieurs heures s’écoulèrent ainsi sans que rien vînt troubler le calme et le silence qui planait sur le campement, si ce n’est, à de longs intervalles, les rires joyeux des jeunes femmes, qui éclataient tout à coup et vibraient harmonieusement aux oreilles des aventuriers, dont un léger sourire venait plisser les lèvres.

Un peu avant le coucher du soleil les chasseurs revinrent.

Ils semblaient s’être donné le mot, car ils reparurent presque en même temps, pliant sous le poids du gibier qu’ils avaient tué.

Le Cœur-Loyal avait de plus que son compagnon lacé un cheval, qu’il amenait dans le but de l’offrir au Cerf-Noir, qui en manquait.

La vue de ce cheval causa une certaine inquiétude