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VIII

LE RETOUR DE QUONIAM.


Le repas fut court ; chacun des convives, préoccupé par de secrètes pensées, mangeait vite et en silence.

Tranquille, bien qu’il n’osât adresser de questions ni au Cerf-Noir ni au Cœur-Loyal, brûlait cependant d’apprendre par quel concours de circonstances extraordinaires ces deux hommes, partis de points diamétralement opposés, étaient arrivés à contracter entre eux une liaison aussi étroite.

Il ne comprenait pas davantage comment un blanc de pure race, jeune et paraissant avoir reçu une certaine éducation, avait aussi complètement renoncé au commerce des hommes de sa couleur, pour adopter, ainsi que l’avait fait le Cœur-Loyal, le genre de vie des Peaux-Rouges et faire pour ainsi dire partie de l’une de leurs nations.

Mais le tueur de tigres connaissait trop bien les mœurs de la prairie pour chercher à mettre la conversation sur un chapitre qui peut-être aurait déplu à ses compagnons et qui, dans tous les cas, aurait annoncé chez lui une curiosité indigne d’un vieux coureur des bois ; il se contentait donc de se creuser la tête pour tâcher de faire jaillir une étincelle qui le guidât vers la découverte de la vérité, sans se permettre la moindre allusion à un sujet qu’il brûlait d’approfondir.

Carméla s’était prise de grande amitié pour l’Oi-