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ils les trouvent, sous le plus futile prétexte et la plupart du temps simplement parce qu’ils sont indiens. Est-ce que lorsque les coyotes se déchirent dans les prairies, les Indiens essayent de les séparer ? Non, ils disent : Laissons-les se battre ; plus il en tombera, moins il y aura de voleurs et de pillards au désert. Pour les Peaux-Rouges les Faces-Pâles sont des coyotes altérés de sang ; que les Comanches les laissent s’entre-dévorer : quel que soit le parti qui triomphe, ceux qui auront été tués seront autant d’ennemis de moins pour les Indiens. Cette guerre entre les Visages-Pâles dure depuis dix ans déjà, implacable, acharnée. Jusqu’à présent les Comanches sont demeurés neutres, pourquoi s’en mêleraient-ils aujourd’hui ? Quelque grands que soient les avantages qu’on leur offre, ils n’équivaudront pas pour eux à une neutralité qui les fera plus forts et plus redoutables aux yeux des blancs. J’ai dit.

— Oui, dit le Cœur-Loyal, vous avez bien parlé, Tranquille. L’avis que vous avez émis est le seul que doivent suivre les Comanches, une intervention serait de leur part un acte de folie déplorable que les sachems ne tarderaient pas à regretter d’avoir commis.

Le Cerf-Noir avait attentivement écouté les paroles du Canadien, elles semblaient avoir produit sur lui une certaine impression ; il écouta de même le Cœur-Loyal ; lorsque celui-ci eut fini de parler, le chef demeura un instant pensif, puis il répondit :

— Je suis heureux des paroles de mes frères, elles me prouvent que j’avais sainement envisagé