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— Nul n’a douté de vous, continua le chef ; cependant, pour une guerre contre les Apaches, les sachems n’auraient pas réclamé votre appui : les Apaches sont de vieilles femmes bavardes que les enfants comanches suffisent pour chasser à coups de fouet ; mais la position s’est compliquée tout à coup, et c’est bien plus votre présence au grand conseil de la nation que l’appui de votre bras, bien que vous soyez un guerrier redoutable, que réclament vos pères. Les Longs Couteaux de l’Est[1] et les Yorris[2] ont, eux aussi, déterré la hache ; les uns et les autres ont offert de traiter avec les Comanches. Une alliance avec les Faces-Pâles ne sourit pas beaucoup aux Peaux-Rouges ; cependant leur anxiété est grande, ne sachant pas avec qui ils doivent se mettre et quel parti ils protégeront.

Le Cerf-Noir se tut.

— La situation est grave, en effet, répondit le Cœur-Loyal, elle est critique, même.

— Les chefs, divisés d’opinions entre eux et ne sachant quelle est la meilleure, reprit le Cerf-Noir, m’ont expédié en toute hâte, à la recherche de mon frère, dont ils connaissent la sagesse, promettant de s’en rapporter à l’avis de mon frère.

— Je suis bien jeune, répondit le Cœur-Loyal, pour me hasarder à donner mon avis en pareille matière et à trancher une question aussi ardue. La nation comanche est la reine des prairies, ses chefs sont tous des guerriers expérimentés ; mieux que moi ils sauront prendre une décision qui sauvegar-

  1. Américains du Nord.
  2. Les Mexicains.