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Le flibustier, suivi de son engagé, se dirigea à petits pas vers sa demeure.

À l’instant où il quittait la ville, un homme se plaça devant lui et le salua.

— Que me voulez-vous ? lui demanda l’aventurier en lui jetant un regard scrutateur.

— Vous dire un mot.

— Lequel ?

— Êtes-vous le capitaine Montbars ?

— Il faut que vous soyez étranger pour m’adresser cette question.

— Qu’importe, répondez !

— Je suis le capitaine Montbars.

— Alors, cette lettre est pour vous.

— Une lettre pour moi ! s’écria-t-il avec surprise.

— La voilà, dit l’inconnu en la lui présentant.

— Donnez. Et il la lui prit des mains.

— Maintenant, ma commission est faite, adieu.

— Un mot, à votre tour.

— Parlez.

— De qui vient cette lettre ?

— Je ne sais pas ; mais en lisant le contenu il est probable que vous l’apprendrez.

— C’est juste.

— Alors je puis me retirer ?

— Rien ne vous en empêche.

L’inconnu salua et partit.

Montbars ouvrit la lettre, il la parcourut rapidement des yeux en pâlissant ; puis il la relut, mais cette fois lentement et comme s’il eût voulu en peser toutes les expressions.

Au bout d’un instant, il sembla prendre une résolution et se retourna vers son engagé immobile à quelques pas.

— Approche, lui dit-il.

— Me voilà, fit l’autre.

— Tu es matelot ?

— Fin matelot, je le crois.

— C’est bon, suis-moi.

Le flibustier rétrograda rapidement, rentra dans la ville et se dirigea vers la mer.

Il semblait chercher quelque chose ; au bout d’un instant, sa physionomie sombre s’éclaircit.

Il venait d’apercevoir une pirogue fine et légère échouée au plein.

— Aide-moi à pousser cette pirogue à la mer, dit-il à l’engagé.

Celui-ci obéit.

Aussitôt que la pirogue fut à flot, Montbars sauta dedans, immédiatement suivi par son engagé, et, saisissant les avirons, ils s’éloignèrent de la plage.