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« Les frères qui se signaleront pendant l’expédition seront récompensés de la manière suivante :

« Celui qui renversera le pavillon ennemi d’une forteresse, pour y arborer le pavillon français, aura droit, outre sa part, à cinquante piastres.

« Celui qui fera un prisonnier quand on sera en quête de nouvelles de l’ennemi, outre son lot, cent piastres.

« Les grenadiers, pour chaque grenade jetée dans un fort, cinq piastres.

« Celui qui s’emparera, dans un combat, d’un officier supérieur ennemi, sera récompensé, s’il a risqué sa vie, d’une façon généreuse, par l’amiral.

« Primes accordées en sus de leurs lots, aux blessés et estropiés :

« Pour la perte des deux jambes, quinze cents écus ou quinze esclaves, au choix de l’estropié, s’il y a assez d’esclaves.

« Pour la perte des deux bras, dix-huit cents piastres, ou dix-huit esclaves, au choix.

« Pour une jambe, sans distinction de la droite ou de la gauche, cinq cents piastres, ou six esclaves.

« Pour un œil, cent piastres ou un esclave ; pour un bras ou une main, sans distinction de droite ou de gauche, cinq cents piastres ou six esclaves.

« Pour deux yeux, dix mille piastres ou vingt esclaves.

« Pour un doigt, cent piastres ou un esclave ; si quelqu’un est dangereusement blessé en plein corps, il aura cinq cents piastres ou cinq esclaves.

« Il est bien entendu que, de même que pour la part du roi, toutes ces récompenses seront prélevées sur le total du butin, avant que de faire les lots.

« Tout navire ennemi pris, soit en mer, soit au mouillage, sera partagé entre tous les membres de l’expédition, à moins qu’il soit estimé plus de dix mille écus, auquel cas, mille écus seront prélevés et donnés à l’équipage du navire qui, le premier, l’aura abordé ; l’expédition arborera le drapeau royal de France, l’amiral portera, en sus, à la tête du grand mât, le pavillon aux trois couleurs : bleu, blanc, rouge.

« Nul officier ou marin de l’expédition ne pourra, en aucun lieu, demeurer à terre, s’il n’en a obtenu primitivement l’autorisation de l’amiral, sous peine d’être déclaré marron, et poursuivi comme tel. »

Lorsque ce dernier paragraphe qui, ainsi que les précédents, avait été écouté dans le plus profond silence, eut été transcrit par l’agent de la Compagnie, Montbars se fit donner la charte-partie, et la relut tout entière, d’une voix haute, claire et accentuée.

— Cette charte-partie convient-elle, frères ? demanda-t-il ensuite aux flibustiers.

— Oui ! oui, s’écrièrent-ils en agitant leurs bonnets ; vive Montbars ! vive Montbars !

— Et vous jurez, comme mes officiers et moi nous le jurons, d’obéir sans murmurer et de remplir strictement toutes les clauses de cette charte-partie ?

— Nous le jurons ! dirent-ils encore.