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Le juge jetait feu et flamme contre les audacieux usurpateurs, ainsi qu’il les nommait ; il ne parlait de rien moins que de les tuer sans miséricorde, s’ils essayaient de faire la moindre résistance aux ordres qu’il leur allait intimer. Don Miguel, beaucoup plus calme et qui n’augurait rien de bon de cette grande colère, cherchait vainement à le calmer en lui représentant qu’il se trouverait, selon toutes probabilités, en présence d’hommes difficiles à intimider, avec lesquels le sang-froid était la meilleure arme.

Cependant on approchait : l’hacendero, afin d’abréger le chemin, avait fait prendre à la troupe un sentier de traverse qui diminuait la distance d’un bon tiers ; déjà les premiers arbres de la forêt apparaissaient à une couple de milles.

Le dégât causé par les squatters était beaucoup plus considérable que don Pablo ne l’avait dit à son père.

Au premier coup d’œil, il semblait impossible qu’en aussi peu de temps quatre hommes, même en travaillant avec vigueur, eussent pu le commettre.

Les plus beaux arbres gisaient étendus sur le sol, des piles énormes de planches étaient rangées de distance en distance, et sur le San-Pedro un train déjà complet n’attendait plus que quelques troncs d’arbres pour être lancé dans le courant de la rivière.

Don Miguel ne put s’empêcher de soupirer à l’aspect de cette dévastation commise dans l’une de ses plus belles forêts.

Cependant, plus ils approchaient de l’endroit où ils s’attendaient à rencontrer les squatters, plus l’ardeur belliqueuse du juge et de ses acolytes diminuait ; maintenant c’était l’hacendero qui était obligé, au