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Le Coras comprit l’intention de ses ennemis ; un sourire de dédain plissa ses lèvres hautaines, et il s’élança résolument au-devant de ces hommes qui reculaient devant lui.

Soudain, d’un mouvement plus prompt que la pensée, il jeta avec une force inouïe le soc de charrue au milieu des Rangers, et, bondissant comme une panthère, il sauta sur un cheval et se cramponna après le cavalier avec une vigueur surhumaine.

Avant que les Rangers fussent revenus de la surprise que leur causa cet assaut imprévu, par un effort désespéré, tout en maintenant le cavalier qu’il avait saisi, il tira de sa ceinture un poignard à lame courte et effilée et l’enfonça jusqu’à la poignée dans les flancs du cheval, qui poussa un hennissement de douleur, se précipita tête baissée au milieu de la foule et l’emporta avec une vitesse vertigineuse.

Les Rangers, rendus furieux d’avoir été joués par un homme seul, et de voir ainsi leur ennemi le plus terrible leur échapper, s’élancèrent à sa poursuite.

Mais, avec la liberté, le Coras avait reconquis toute son énergie, il était sauvé désormais.

Malgré les efforts désespérés que les Rangers tentèrent pour l’atteindre, il disparut dans la nuit.

Le Cacique continua à fuir jusqu’à ce qu’il sentît le cheval manquer sous lui.

Il n’avait pas lâché le cavalier qui était à demi étranglé par sa rude étreinte, et tous deux roulèrent sur le sol.

Cet homme portait le costume des Indiens Apaches.

Le Coras le considéra un instant avec attention, puis un sourire de mépris plissa ses lèvres.

— Tu n’es pas un Peau-Rouge, lui dit-il d’une voix