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qui appartient à des hommes pénétrés de la grandeur des devoirs qui leur sont imposés et qui sont résolus à les remplir, coûte que coûte, en gens de cœur.

Mais cette apparence était bien trompeuse ; si les visages étaient impassibles, les cœurs étaient tremblants. Tous ces hommes, habitués à une vie molle et efféminée, ne se sentaient nullement capables de soutenir une lutte contre les rudes ennemis qui les menaçaient et qui les bravaient si audacieusement aux portes mêmes du palais du gouvernement.

Peut-être, s’ils avaient eu pour chef un homme résolu, leur courage se serait-il réveillé et auraient-ils essayé une résistance désespérée ; mais la couardise et la nullité du général Ventura étaient trop bien établies parmi eux pour qu’ils essayassent de lui faire prendre l’initiative de mesures énergiques qu’ils le savaient non-seulement incapable d’imaginer, mais encore de faire exécuter.

Les bons chefs font les bons soldats, et les troupes les plus résolues lâchent pied au premier choc lorsque des poltrons les conduisent au feu.

Dans les circonstances présentes, toute résistance était inutile.

Les Indiens étaient, par le fait de leur présence sur la place, maîtres de la ville : on n’avait aucune troupe à leur opposer ; il fallait donc se borner à chercher à tirer le meilleur parti possible de la fausse position dans laquelle on se trouvait, et à obtenir des Comanches les conditions les moins mauvaises possible.

Seulement, comme tous ces hommes voulaient avant tout sauver les apparences, la discussion recommença, chacun émit son avis ; puis, lorsque les