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l’effort des assaillants et est déchiré à coups de boutoir.

D’après tout ce que nous venons de dire, il est facile de comprendre combien la position de l’homme juché au sommet d’un arbre et entouré de peccaris était précaire.

Ses ennemis semblaient déterminés à ne pas quitter la place ; ils tournaient sournoisement autour de l’arbre, attaquaient sa base à coups de boutoir, puis, reconnaissant l’inutilité de leurs attaques, ils se couchaient tranquillement auprès du cadavre du cheval, que déjà ils avaient sacrifié à leur colère.

Don Miguel se sentit ému de pitié pour le pauvre diable dont la position se faisait d’instant en instant plus critique.

Vainement il se creusait la tête pour venir en aide au malheureux dont la perte était assurée.

Attaquer les peccaris aurait été une imprudence extrême et n’aurait produit d’autre résultat que celui de détourner sur lui la fureur de ces animaux, sans pour cela sauver celui qu’il voulait secourir.

Cependant le temps pressait ; que faire ? comment sans se sacrifier soi-même, sauver l’homme qui courait un si grand péril ?

Le Mexicain hésita longtemps. Laisser sans secours cet homme dont la mort était certaine, semblait impossible à don Miguel. Cette idée, qui plusieurs fois déjà s’était présentée à sa pensée, il l’avait énergiquement repoussée, tant elle lui semblait monstrueuse.

Enfin il résolut, coûte que coûte, de tenter l’impossible en faveur de cet homme inconnu, que, par cette solidarité qui règne au désert, il se serait, au fond du cœur, accusé plus tard d’avoir tué s’il ne le sortait pas du péril dans lequel il se trouvait.