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Par la forme de son corps il ressemble au porc, mais les soies clair-semées sur sa peau rugueuse sont colorées par zone ; la partie la plus proche de la peau est blanche et la pointe d’une teinte chocolat. Dès que l’animal entre en fureur, ces soies se hérissent comme les piquants du porc-épic.

Les mouvements des peccaris sont vifs et rapides comme ceux de l’écureuil ; ils vivent ordinairement en troupes de quinze, trente et même cinquante individus.

La force de la tête, du cou et des épaules de ces animaux est telle que lorsqu’ils chargent, rien ne peut résister à l’impétuosité de leurs attaques.

Une particularité assez remarquable de cette espèce est cette rugosité informe qu’ils ont sur le dos et qui contient une liqueur musquée qui s’évapore dès que l’animal est en colère.

Le peccari se nourrit préférablement de glands, de racines, de baies, de grains, de cannes à sucre et de reptiles de toutes sortes ; il est prouvé que les serpents les plus venimeux sont dévorés par eux sans qu’ils en soient incommodés le moins du monde.

La façon dont gîte le peccari est assez singulière ; sa bauge est toujours placée au milieu des canniers touffus et impénétrables qui se trouvent dans les endroits marécageux, auprès d’arbres séculiers comme on en rencontre tant dans les forêts vierges, géants foudroyés, mais debout encore, avec leurs grappes de lianes et de vignes vierges.

Les troncs de ces arbres, qui mesurent parfois jusqu’à douze mètres de circonférence, sont creux pour la plupart et offrent un abri commode aux peccaris qui s’y retirent chaque soir vingt et vingt-cinq en-