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ces armes homicides ! ne restez pas en face l’un de l’autre comme deux bêtes féroces sur le point de s’entre-déchirer !

— Retirez-vous, père, vous n’avez rien à faire ici ! laissez-moi traiter cet homme comme il le mérite ! répondit le squatter en jetant sur le missionnaire un regard farouche ; sa vie m’appartient…

— Jeune homme ! répondit le prêtre, la vie d’un homme n’appartient qu’à Dieu, qui seul a le droit de la lui ôter ; abaissez vos armes ! Et se tournant vers Fray Ambrosio, il lui dit d’une voix incisive : Et vous, qui déshonorez la robe que vous portez, jetez ces pistolets qui souillent vos mains ! un ministre des autels ne doit pas se servir d’autres armes que de l’Évangile…

Le moine s’inclina et fit disparaître ses pistolets en disant d’une voix douce et onctueuse :

— Mon père, j’ai dû défendre ma vie que ce fou attaquait. Dieu m’est témoin que je réprouve ces moyens violents, trop souvent en usage dans ce malheureux pays… Mais cet homme est venu dans cette maison la menace à la bouche ; il prétendait nous obliger à lui livrer une malheureuse jeune fille que ce cavalier et moi, fit-il en désignant le gambusino, n’avons pas voulu lui livrer.

Andrès Garote appuya les paroles du moine d’un mouvement de tête.

— Cette jeune fille, s’écria Schaw, je veux la sauver de vos mains et la rendre à son père.

— De qui parlez-vous, mon ami ? demanda le missionnaire avec un secret battement de cœur.

— De qui parlerais-je, reprit l’Américain, si ce n’est de doña Clara de Zarate, que ces misérables retiennent ici de force ?