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de leur procès, résolus à mourir comme ils avaient vécu, la tête haute, le cœur ferme, sans donner aux juges qui les avaient condamnés la satisfaction de les voir faiblir au moment suprême.

C’était vers le soir du même jour où nous avons rencontré Valentin dans la clairière, l’obscurité tombait rapidement, et l’unique meurtrière, car nous ne pouvons donner le nom de fenêtre à l’espèce de fente étroite qui servait à éclairer la prison, ne laissait plus pénétrer qu’une lueur faible et incertaine.

Don Miguel se promenait à grands pas dans la prison, tandis que le général, nonchalamment étendu sur un des cadres, fumait tranquillement sa cigarette en suivant de l’œil, avec un plaisir d’enfant, les légers nuages de fumée bleuâtre qui montaient en tournoyant au plafond et qu’il chassait incessamment de sa bouche.

— Eh bien ! dit tout à coup don Miguel, il paraît que ce n’est pas encore pour aujourd’hui.

— Oui, répondit le général, à moins, ce que je ne crois pas, qu’ils veuillent nous faire les honneurs d’une exécution aux flambeaux.

— Comprenez-vous quelque chose à ce retard ?

— Ma foi non ; je me suis vainement creusé la tête pour deviner la raison qui les empêche de nous fusiller, et, de guerre lasse, j’y ai renoncé.

— C’est comme moi : un moment j’ai cru que c’était une tactique pour tâcher de nous amollir par les appréhensions continuelles de la mort, incessamment suspendue sur notre tête comme une autre épée de Damoclès, mais cette idée m’a semblé tellement absurde que j’y ai renoncé.

— Je suis entièrement de votre avis ; pourtant il