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— C’est bon ! c’est bon ! grommela le chasseur, vous avez vos idées là-dessus, moi j’ai les miennes.

— Oui, reprit en souriant le missionnaire, mais je crois les miennes meilleures.

— C’est possible ; vous savez que je ne discute pas avec vous sur ce sujet, car je ne sais comment vous faites, mais vous parvenez toujours à me prouver que j’ai tort.

Tout le monde se mit à rire de cette boutade.

— Et les Indiens, que font-ils en ce moment ? reprit Valentin, se battent-ils toujours ?

— Non, j’ai réussi à amener Habautzelze — l’Unicorne, le principal chef des Comanches, — et Stanapah — la Main-pleine-de-sang, le chef des Apaches, — à une entrevue dans laquelle la paix a été jurée.

— Hum ! fit Valentin d’un ton incrédule, cette paix ne sera pas longue, l’Unicorne a trop de raisons d’en vouloir aux Apaches.

— Rien ne donne à supposer, quant à présent, que vos prévisions se réalisent bientôt.

— Pourquoi cela ?

— Parce que lorsque j’ai quitté l’Unicorne, il se préparait à une grande chasse aux bisons, à laquelle cinq cents guerriers d’élite doivent prendre part.

— Ah ! ah ! et où aura lieu cette chasse, le savez-vous, père ?

— Certainement, l’Unicorne m’a même recommandé, quand je l’ai quitté ce matin, de vous y inviter, car je lui avais dit que je vous verrais.

— J’accepte de grand cœur, une chasse aux bisons a toujours eu beaucoup de charme pour moi.

— Du reste, vous n’aurez pas loin à aller pour trouver l’Unicorne, il est tout au plus à dix lieues d’ici.