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vous absous du péché d’égoïsme en faveur de l’intention qui vous le fait commettre.

— Père, dit alors Valentin, le gibier est-il abondant dans le désert en ce moment ?

— Oui, il y en a beaucoup ; les bisons sont descendus en foule des montagnes ; les elks, les daims et les antilopes foisonnent.

Valentin se frotta les mains.

— La saison sera bonne, dit-il.

— Oui, pour vous ; quant à moi, je n’ai pas à me plaindre, les Indiens ont été remplis d’égards pour moi.

— Tant mieux, je tremble toujours quand je vous sais au milieu de ces diables rouges ; je ne dis pas cela pour les Comanches, qui sont des guerriers que j’estime et qui vous ont toujours témoigné le plus grand respect, mais j’ai une peur affreuse que ces scélérats d’Apaches ne finissent par vous jouer un vilain tour.

— Pourquoi avoir ces idées, mon ami ?

— Elles sont justes ; vous ne pouvez vous imaginer combien ces voleurs apaches sont traîtres, lâches et cruels ; je les connais, moi, j’ai de leurs marques ; mais soyez tranquille. Si jamais ils se portaient à quelque extrémité sur vous, je sais la route de leurs villages ; il n’existe pas de coin au désert que je n’aie sondé jusque dans ses derniers détours. Ce n’est pas pour rien que l’on m’a surnommé le Chercheur de pistes ; je vous jure que je ne leur laisserai pas une chevelure.

— Valentin, vous savez que je n’aime pas vous entendre parler ainsi ; les Indiens sont de pauvres ignorants qui ne savent pas ce qu’ils font, il faut leur pardonner le mal qu’ils commettent.