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le lui tordit, et saisissant le poignard qu’il jeta au loin :

— Assez, dit-il d’une voix dure, nous nous comprenons, mon maître ; ne jouez pas ce jeu avec moi, car il vous en cuirait, je vous en avertis.

Le moine retomba assis, sans avoir la force de faire un geste, de prononcer une parole.

Le squatter le considéra un instant avec un mélange de pitié et de dédain, haussant imperceptiblement les épaules :

— Voilà seize ans que je possède ce secret, dit-il, jamais il n’est sorti de ma poitrine ; je continuerai à garder le silence, à une condition.

— Laquelle ?

— Je veux que tu m’aides à enlever la fille de l’hacendero.

— Je t’y aiderai.

— Fais-y bien attention, il me faut une coopération franche et loyale, n’essaye pas de me trahir.

— Je t’aiderai, te dis-je.

— Bien, je compte sur ta parole ; du reste, sois tranquille, mon maître, je te surveillerai.

— Assez de menaces, que faut-il faire ?

— Quand partons-nous pour l’Apacheria ?

— Tu viens donc ?

— Sans doute.

Un sourire sinistre plissa les lèvres pâles du moine.

— Nous partirons dans huit jours, dit-il.

— C’est bien ! Le jour du départ, une heure avant de nous mettre en route, tu me livreras la jeune fille.

— Comment ferai-je pour l’obliger à me suivre ?

— Cela ne me regarde pas, c’est ton affaire.

— Cependant !