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humeur du chapelain et le laissa s’installer auprès de lui sans prononcer une parole.

— Là, m’y voici, reprit le moine aussitôt qu’il se fut assis ; je ne sais vraiment point, Cèdre-Rouge, comment je cède aussi facilement à toutes vos lubies.

— Eh ! c’est parce que vous vous doutez bien que votre intérêt en dépend, sans cela vous ne le feriez pas.

— Pourquoi causer ici, en pleine campagne, au lieu d’aller chez vous où nous serions beaucoup mieux ?

Cèdre-Rouge secoua négativement la tête.

— Non, dit-il, pour ce que nous avons à dire la campagne vaut mieux. Ici, nous ne craignons pas les écouteurs aux portes.

— C’est juste. Allons, parlez, je vous écoute.

— Hum ! vous tenez donc bien à ce que ce soit moi qui commande l’expédition que vous projetez ?

— Sans doute ; je vous connais depuis longtemps ; je sais que vous êtes un homme sûr, parfaitement au fait des usages des Indiens, car, si je ne me trompe, la plus grande partie de votre existence s’est passée au milieu d’eux.

— Ne parlons pas de ce que j’ai fait ; ce n’est pas de moi qu’il s’agit en ce moment, mais de vous.

— Comment cela ?

— Bon, bon, laissez-moi dire ; vous avez besoin de moi, il est donc de mon intérêt de me faire payer le plus cher possible.

— Eh ! murmura le moine en faisant la grimace, je ne suis pas riche, compadre, vous le savez de reste.

— Oui, oui, je sais que dès que vous avez quelques piastres ou quelques onces, le monte vous les rafle immédiatement.