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Fray Ambrosio avait entendu parler comme tout le monde de la découverte supposée du gambusino ; son plan fut immédiatement arrêté pour se rendre maître du secret de cet homme et lui voler sa découverte, si cela était possible.

Le soir même, Joaquin et son frère Andrès buvaient selon leur habitude dans un meson, entourés d’une foule de mauvais drôles comme eux.

Fray Ambrosio, assis à une table, les mains cachées dans les manches de sa robe, la tête basse, paraissait plongé dans de sérieuses réflexions, bien qu’il suivît d’un œil sournois les divers mouvements des buveurs et qu’aucun de leurs gestes ne lui échappât.

Tout à coup un homme entra en se dandinant, le poing sur la hanche, et, jetant au nez du premier qui se trouva sur son passage la cigarette qu’il fumait, il alla se planter en face de Joaquin auquel il ne dit pas un mot, mais qu’il commença à regarder d’un air goguenard, en haussant les épaules et souriant avec ironie à tout ce que disait le gambusino.

Joaquin n’était pas patient, il jugea du premier coup d’œil que cet individu voulait lui chercher querelle ; comme en résumé il était brave, que, homme ou diable, il ne redoutait aucun ennemi, il s’approcha résolûment de lui, et, le regardant à son tour entre les deux yeux, il lui dit en avançant son visage auprès du sien :

— Est-ce une dispute que tu veux, Tomaso ?

— Et pourquoi pas ? répondit effrontément celui-ci en vidant son verre qu’il reposa avec bruit sur la table.

— Je suis ton homme, nous nous battrons comme cela te plaira.