Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à mon père, la troupe qu’il commandera sera nombreuse, elle n’aura presque rien à craindre des Indiens, au lieu que vous, obligé de vous cacher, vous serez seul en butte à des dangers terribles ; non, Harry, je ne le souffrirai pas.

— Détrompez-vous, Ellen, je ne serai pas contraint de me cacher, je ne serai pas seul, je ferai partie de la troupe de votre père.

— Il serait possible, Harry ! s’écria-t-elle avec une expression de joie qui fit tressaillir le jeune homme.

— Je me suis engagé ce soir dans sa troupe.

— Oh ! fit-elle, nous pourrons donc nous voir souvent, alors ?

— Tant que vous le voudrez, Ellen, puisque je serai là.

— Oh ! maintenant j’ai hâte de m’éloigner d’ici, je voudrais déjà être partie.

— Cela ne tardera pas, soyez tranquille ; je suis convaincu que d’ici à sept à huit jours nous nous mettrons en route.

— Merci de la bonne nouvelle que vous m’apportez, Harry.

— Votre père et votre mère sont-ils toujours aussi mauvais pour vous, Ellen ?

— Mon Dieu ! c’est toujours à peu près la même chose, et cependant leur conduite est étrange à mon égard : souvent elle me semble incompréhensible, tant elle est empreinte de bizarreries ; il y a des instants où ils paraissent m’aimer beaucoup ; mon père, surtout, me caresse, m’embrasse, puis tout à coup, je ne sais pourquoi, il me repousse rudement et me lance des regards qui me font frémir.