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de chasse ou de guerre vous serez réunis autour des feux du campement, pensez à la Panthère, ce chef dont la renommée fut grande autrefois, et qui, voyant que le Wacondah l’oubliait sur cette terre, préféra mourir que d’être plus longtemps à charge à sa nation. Racontez aux jeunes guerriers qui pour la première fois fouleront le sentier de la guerre les exploits de votre chef la Panthère-Bondissante, qui si longtemps fut l’effroi des ennemis des Comanches.

En prononçant ces paroles, l’œil du vieux chef s’était animé, sa voix tremblait d’émotion.

Les Indiens réunis autour de lui l’écoutaient avec respect.

— Mais à quoi bon parler ainsi, reprit-il en étouffant un soupir, je sais que mon souvenir ne s’éteindra pas parmi vous, puisque mon fils l’Unicorne est là pour me succéder et vous guider à son tour sur cette route où si longtemps je vous ai précédés ? Faites apporter mon dernier repas, afin que nous puissions bientôt entonner la chanson du grand remède.

Immédiatement des Indiens apportèrent des marmites remplies de chair de chien bouillie.

Sur un signe de la Panthère, le repas commença.

Lorsqu’il fut terminé, le vieillard alluma son calumet et fuma, tandis que les guerriers dansaient en rond autour de lui.

L’Unicorne conduisait la danse.

Au bout d’un instant, le vieillard fît un geste.

Les guerriers s’arrêtèrent.

— Que désire mon père ? demanda l’Unicorne.

— Je veux, répondit-il, que vous chantiez la chanson du grand remède.

— Bon ! reprit l’Unicorne, mon père sera obéi.