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— J’ai besoin d’un second, probablement. Ah ! encore un mot.

— Dites.

— Si par hasard vous entendiez du bruit, des coups de fusil, que sais-je, moi ? en descendant, ne vous en inquiétez pas, et surtout ne remontez pas.

— Bon, c’est convenu ; adieu !

— Adieu !

Après avoir jeté son chapeau au gambucino, le jeune homme plaça son fusil sur son épaule, et se mit à descendre la montagne ; il disparut bientôt dans les innombrables sinuosités du sentier.

Aussitôt qu’Andrès Garote se vit seul, il ramassa le chapeau de don Pablo et le lança à toute volée dans le précipice, puis il le suivit des yeux dans sa course.

Après avoir tournoyé assez longtemps en l’air, le chapeau toucha une pointe de rocher, rebondit, et finit enfin par s’arrêter à une assez grande profondeur sur le flanc de la montagne.

— Bon ! dit le gambucino avec satisfaction, il est bien là ; à autre chose maintenant.

Andrès Garote s’assit alors sur le sol, prit son rifle et le déchargea en l’air ; saisissant immédiatement un des pistolets qu’il portait en ceinture, il étendit le bras gauche et lâcha la détente : la balle lui traversa les chairs de part en part.

— Caramba ! fit-il en se laissant aller tout de son long sur le sol, cela fait plus de mal que je ne croyais ! enfin c’est égal, le principal c’est que je réussisse ; à présent, attendons le résultat.

Un quart d’heure à peu près se passa sans que rien ne troublât le silence du désert.