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Quelles étaient les pensées qui tourbillonnaient en ce moment dans le cerveau de cet homme si fort, et avaient la puissance de faire couler des larmes sur ses joues brunies ?

D’où provenaient cette tristesse et ce découragement qui s’emparaient de son âme et le rendaient faible comme une femme ?

Cette douleur, qu’il gardait précieusement enfouie au fond de son cœur, était un secret entre Dieu et lui !

Une autre personne la soupçonnait peut-être, sans doute elle en connaissait les causes ; mais cette personne était Curumilla, et le digne Indien serait mort plutôt que de laisser voir à son frère d’adoption qu’il avait sondé la plaie toujours vive qui lui rongeait le cœur.

Cependant les heures passaient les unes après les autres, les étoiles s’éteignaient lentement dans les profondeurs du ciel qui commençait à se teinter à l’horizon de teintes d’opale.

Le jour n’allait pas tarder à paraître. Valentin, saisi par le froid piquant du matin, ramena son regard sur la terre en murmurant avec un soupir étouffé :

— Est–elle heureuse !…

De qui parlait-il ?

Quelle était cette personne inconnue dont le souvenir résumait si tristement les pensées d’une longue nuit d’insomnie ?

Nul n’aurait pu le dire, car jamais son nom n’était monté du cœur du chasseur jusqu’à ses lèvres.

Le feu était presque éteint, il le raviva.

— Il faut cependant essayer de dormir, murmura-t-il.

S’enveloppant alors avec soin dans sa robe de bi-