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— Par là, dit le Cèdre-Rouge en étendant le bras dans la direction du camp.

— Du diable ! fit vivement Nathan, êtes-vous fou, ou n’avez-vous semblé me sauver la vie que pour me livrer de plus belle à nos ennemis ?

— Que voulez-vous dire ?

— Une chose que vous verriez aussi bien que moi s’il faisait jour : c’est que la forêt se termine brusquement à quelques pas d’ici, au bord d’une immense quebrada.

— Oh ! oh ! dit le Cèdre-Rouge en fronçant les sourcils ; que faire alors ?

— Retourner sur nos pas, une demi-lieue à peu près, et puis prendre sur la gauche. J’ai assez vu le pays depuis que je vous ai quitté pour me rappeler confusément la configuration des montagnes, mais, ainsi que vous le disiez, le plus pressé en ce moment est de nous éloigner d’ici.

— D’autant plus que la lune ne tardera pas à se lever, observa Sutter, et que si malheureusement les Peaux Rouges s’apercevaient de la fuite de Nathan, ils ne tarderaient pas à nous dépister.

— Bien dit, fit Nathan ; en route !

— En route ! répétèrent les autres.

Le Cèdre-Rouge se remit en tête de la petite troupe, qui commença à rétrograder.

La marche était excessivement difficile par cette nuit noire ; il fallait à chaque pas tâtonner avec soin et ne poser le pied qu’après s’être assuré que le point d’appui était solide, sans cela on risquait de tomber de branche en branche et d’aller se briser sur le sol à une profondeur de soixante-dix ou quatre-vingts pieds.