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dans l’aspect de cet homme qui, les yeux tout grands ouverts, les sourcils froncés, les traits contractés par l’espoir et la crainte, usait péniblement les cordes qui attachaient ses coudes à l’arbre en ronflant aussi paisiblement que s’il avait joui du sommeil le plus tranquille.

Avec des peines inouïes et des efforts incroyables, Nathan était parvenu à couper d’abord la corde qui liait ses poignets l’un à l’autre ; maintenant il usait celle qui attachait ses coudes.

Bientôt elle céda ; le reste n’était plus rien, ses mains étaient libres. En quelques secondes il fut complètement débarrassé de ses liens et s’empara du couteau qu’il passa à sa ceinture.

La corde qui avait servi à lui descendre le couteau remonta.

Nathan attendit dans une angoisse inexprimable.

Il avait repris sa première position et ronflait toujours.

Tout à coup un des deux guerriers commis à sa garde se tourna vers lui, étira ses membres engourdis par le froid, se leva et vint en baillant se pencher sur son corps.

Nathan, les yeux à demi fermés, épiait avec soin tous ses mouvements. Lorsqu’il vit à deux pouces du sien le visage du Peau Rouge, par un geste prompt comme la pensée, il lui jeta les mains autour du cou, et cela si brusquement, que le Comanche, saisi à l’improviste, n’eut pas le temps de pousser un cri.

L’Américain était doué d’une force herculéenne ; en ce moment l’espoir de la délivrance doublait ses forces. Il serrait comme dans un étau le cou du guerrier,