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sa marche ne nous ait semblé suspecte. Tenez, il s’asseoit pour nous attendre.

— Soyons sur nos gardes, dit le Rayon-de-Soleil.

— Je veille, répondit l’Araignée avec un sinistre sourire.

Cependant tout ce qu’avait annoncé l’Araignée s’était accompli de point en point. L’inconnu, après avoir semblé à plusieurs reprises chercher à se dissimuler derrière les halliers et à disparaître dans les montagnes, avait calculé que s’il fuyait, ceux qui le voyaient l’auraient bientôt découvert, grâce à leurs chevaux. Faisant alors contre fortune bon cœur, il était revenu sur ses pas, et, assis sur le sol, le dos appuyé à un tamarindo, il fumait tranquillement tout en attendant l’arrivée des cavaliers qui s’approchaient rapides de son côté.

Plus les Comanches approchaient près de cet homme, plus il leur semblait reconnaître un Indien.

Ils se trouvèrent enfin à quelques pas de lui ; alors tous les doutes cessèrent. Cet homme était ou paraissait être du moins un de ces innombrables sorciers vagabonds qui courent de tribu en tribu dans le Far West pour guérir les malades et pratiquer leurs enchantements.

Dans le fait, le sorcier n’était autre que Nathan le squatter, que le lecteur a reconnu sans doute depuis longtemps déjà.

Après avoir, selon son habitude, si noblement reconnu, en l’assassinant, le service que lui avait rendu le pauvre sorcier que sa science n’avait pu mettre en garde contre cette abominable trahison, Nathan s’était éloigné au plus vite, résolu à traverser les lignes ennemies, presque certain de réussir, grâce au dégui-