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apostrophe ; il perdit contenance, et balbutia quelques mots sans suite.

Le Cèdre-Rouge avait pris son lasso, l’avait lové autour de sa main droite, et, après l’avoir fait tourner quelques secondes, il le lança.

Le coup avait été si bien calculé que le nœud coulant atteignit juste l’extrémité de la branche.

— À moi ! cria le squatter, un coup de main !

Les deux hommes accoururent.

Sous leurs efforts réunis le lasso se roidit, la branche se courba peu à peu et finit, au bout de quelques minutes, par s’abaisser jusqu’au niveau de la plate-forme, ainsi que l’avait prévu le Cèdre-Rouge.

— Dépêchons, Ellen, dépêchons, mon enfant ! cria-t-il à la jeune fille.

Celle-ci ne se fit pas répéter l’invitation ; elle s’élança résolument sur la branche le long de laquelle elle courut légèrement en se retenant à droite et à gauche aux rameaux ; en un clin d’œil elle se trouva appuyée au tronc ; puis, sur l’invitation de son père, elle gagna les branches supérieures, au milieu desquelles elle disparut.

— À vous ! Fray Ambrosio, dit le squatter.

Le moine partit à son tour, franchit rapidement la branche et, ainsi que la jeune fille, disparut dans le feuillage.

— À ton tour, garçon ! dit encore le squatter.

Sutter rejoignit les deux autres personnes.

Demeuré seul, grâce à sa force herculéenne, le Cèdre-Rouge maintint assez longtemps la branche pour parvenir à se coucher tout de son long au-dessous en l’embrassant fortement des pieds et des mains.