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lieu de ces montagnes qui se ressemblent toutes, si bien que toutes leurs tentatives avaient continuellement avorté.

— Pardonnez-moi, mes amis, dit avec un accent de tristesse déchirante don Miguel de Zarate, pardonnez-moi ! Car moi seul suis cause de votre mort.

— Ne parlez pas ainsi ! don Miguel, s’écria vivement Valentin, tout n’est pas perdu encore.

Un navrant sourire plissa les lèvres de l’hacendero.

— Vous êtes toujours le même, don Valentin, dit-il, bon et généreux, vous oubliant pour vos amis. Hélas ! si nous avions suivi vos conseils, nous ne serions pas réduits à mourir de faim et de misère dans ces montagnes désolées.

— Bon, bon ! fit le chasseur d’un ton bourru ; ce qui est fait est fait ; peut-être aurait-il mieux valu que vous m’écoutiez il y a quelques jours, c’est vrai ; mais, maintenant, à quoi bon récriminer ? Cherchons plutôt les moyens de sortir d’ici.

— Hélas ! c’est impossible, répondit don Miguel avec découragement ; et, laissant tomber sa tête dans ses mains, il s’abîma dans de lugubres réflexions.

— Caraï ! s’écria le chasseur avec énergie ; impossible est un mot que nous autres Français nous avons rayé du dictionnaire. Vive Dieu ! tant que le cœur bat dans la poitrine, il y a de l’espoir. Le Cèdre-Rouge serait-il encore plus fourbe et plus rusé qu’il n’est, ce qui serait difficile, je vous jure que nous le trouverons et que nous sortirons d’ici.

— Mais comment ? demanda vivement don Pablo.

— Je ne sais pas ; seulement, je suis certain que nous échapperons.

— Ah ! si nous nous trouvions seulement où sont