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— Oh ! oh ! fit-il, c’est une grande nouvelle que vous me donnez là.

— Je ne vous la donne pas, je vous la vends.

— Hein ! Expliquez-vous, je vous prie.

— Je serai bref. Il n’y a pas dans toute la prairie un homme qui n’ait un compte terrible à demander à ce misérable bandit, n’est-ce pas ?

— C’est vrai.

— Ce monstre a pesé trop lourdement et trop longtemps sur la terre, il faut qu’il disparaisse.

Le Blood’s Son prononça ces paroles avec un tel accent de haine, que tous les assistants, qui, cependant, étaient des hommes doués de nerfs d’acier, sentirent un frisson courir dans leurs veines.

Valentin fixa sur le partisan un regard sévèrement interrogateur.

— Vous lui en voulez beaucoup ? dit-il.

— Plus que je ne puis l’exprimer.

— Bien, continuez.

En ce moment le père Séraphin entra dans la hutte sans que sa présence fut remarquée, tant l’attention des assistants était concentrée sur le Blood’s Son.

Le missionnaire se tint immobile dans le coin le plus obscur et écouta.

— Voici ce que je vous propose, reprit le Blood’s Son : je vous révélerai où ce misérable a son repaire ; nous nous disséminerons de tous les côtés afin de l’envelopper dans un cercle infranchissable, et si vous ou les chefs ici présents vous êtes plus heureux que moi et vous emparez de lui, vous le remettrez entre mes mains.

— Pour quoi faire ?

— Pour tirer de lui une vengeance éclatante.