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fusera pas, j’en suis convaincu, de garder ma mère dans son village. Les Peaux Rouges m’aiment, l’Unicorne m’est dévoué, ma pauvre mère sera soignée et choyée par les Indiens, et, d’un autre côté, il me sera facile de la voir dès que j’aurai un moment disponible.

— Canarios ! s’écria le général Ibañez ; c’est vrai, ma foi, chef, ajouta-t-il en frappant gaiement sur l’épaule de l’Araucan, je dois avouer que nous sommes tous des niais, et que vous avez plus d’esprit dans votre petit doigt que nous n’en avons dans tout notre corps.

Cette discussion avait duré assez longtemps ; le soleil était levé depuis environ une heure lorsqu’elle se termina.

Mme Guillois, entièrement remise de ses émotions de la nuit, apparut dans la grotte et vint embrasser son fils.

Lorsque le déjeuner fut terminé, les chevaux furent sellés et on se mit en selle.

— Où me conduis-tu, mon enfant ? demanda Mme Guillois au chasseur ; tu sais que maintenant je t’appartiens tout entière et que le soin de veiller sur moi te regarde seul.

— Soyez tranquille, ma mère, répondit Valentin ; bien que nous soyons au désert, je vous ai trouvé une retraite dans laquelle non-seulement vous serez à l’abri de tout danger, mais où il me sera possible de vous voir au moins toutes les semaines.

Valentin, de même que tous les hommes doués d’un caractère ferme et résolu, au lieu de tourner la difficulté, avait préféré l’attaquer de front, persuadé que plus le coup qu’il porterait serait rude, moins il