— Qui sait, Niña ? si je vous ai rencontrée, c’est que nous devions marcher de compagnie.
— Je ne suis pas de cet avis ; je vais rejoindre un homme que probablement vous ne seriez que fort médiocrement flatté de trouver devant vous.
— Où ne sait pas, niña, on ne sait pas, répondit le ranchero avec une certaine animation ; j’ai à me venger de ce moine maudit nommé Fray Ambrosio ; seul, je suis trop faible, tranchons le mot, trop poltron pour le faire.
— Bon, fit en souriant la jeune fille ; alors comment vous arrangerez-vous pour que cette vengeance ne vous échappe pas ?
— Oh ! bien simplement, allez ; je sais un homme au désert qui lui en veut mortellement et qui donnerait beaucoup pour avoir contre lui une preuve suffisante, parce que malheureusement cet homme a le défaut d’être honnête.
— Ah !
— Oui, que voulez-vous ? on n’est pas parfait.
— Et quel est cet homme ?
— Oh ! vous n’en avez jamais entendu parler, niña.
— Qu’en savez-vous ? Dites-moi toujours son nom ?
— Comme vous voudrez ; on le nomme le Blood’s Son.
— Le Blood’s Son ! s’écria-t-elle avec un mouvement de surprise.
— Oui ; vous le connaissez ?
— Un peu ; continuez.
— Voilà tout ; je cherche cet homme.
— Et vous avez, dites-vous, entre les mains les moyens de perdre ce Fray Ambrosio ?
— Je le crois.
— Qui vous le fait supposer ?