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La Gazelle blanche marchait leste et assurée en avant des chasseurs, regardant de tous les côtés à la fois, s’arrêtant pour prêter l’oreille avec inquiétude au moindre bruit suspect dans les taillis et les halliers ; puis, ses craintes calmées, elle reprenait sa course en jetant un sourire d’encouragement à ceux qu’elle guidait.

— Pincés ! dit tout à coup Valentin en appuyant en riant la crosse de son rifle à terre ; allons, allons, la petite est plus fine que je ne croyais.

Les deux hommes se trouvèrent subitement enveloppés par une nombreuse troupe d’Indiens apaches.

Don Pablo, lui, ne prononça pas un mot ; il regarda l’Espagnole ; elle souriait toujours.

— Bah ! murmura philosophiquement le Français à part lui, j’en tuerai toujours bien sept ou huit ; après cela, nous verrons.

Complètement rassuré par cette consolante réflexion, le chasseur reprit incontinent toute sa liberté d’esprit et regarda curieusement autour de lui.

Les deux blancs étaient au milieu du détachement de guerre du Chat-Noir.

Le vieux chef s’avança vers le chasseur.

— Mon frère est le bienvenu parmi ses amis les bisons apaches, dit-il avec noblesse.

— Pourquoi railler, chef ? répondit Valentin. Je suis votre prisonnier, faites de moi ce que bon vous semblera.

— Le Chat-Noir ne raille pas ; le grand chasseur pâle n’est pas son prisonnier, mais son ami ; qu’il commande, et le Chat-Noir exécutera ses ordres.

— Que signifient ces paroles ? dit le Français avec étonnement. N’êtes-vous pas ici, ainsi que tous les