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toutes les conditions seront rigoureusement remplies par moi et par vous, je n’en doute pas. Lisez et signez : dans deux jours, je pars pour Talca, mais dans six semaines je donne rendez-vous ici à ceux d’entre vous qui consentent à me suivre, et alors je leur communiquerai mes desseins dans les plus grands détails.

— Capitaine de Lhorailles, répondit Diego Léon, vous n’avez, dites-vous, besoin que de cent cinquante hommes. Tirez-les donc au sort, car tous veulent vous accompagner.

— Merci encore une fois, mes braves compagnons : croyez-moi, chacun aura son tour ; le projet que j’ai formé est grandiose et digne de vous ; choisir serait faire des jaloux entre hommes qui tous se valent ; Diego Léon, je vous charge de tirer au sort les noms de ceux qui doivent faire partie de la première expédition.

— Cela sera fait, répondit Diego Léon, Béarnais méthodique et compassé, ancien brigadier aux spahis, vieux soldat à cheval sur la discipline.

— Maintenant, mes amis, un dernier mot : souvenez-vous que dans trois mois, je vous attends à Guetzalli, de là à la grâce de Dieu, l’étoile des Dauph’yeers ne nous faillira pas ! Buvons, frères, buvons au succès de notre entreprise.

— Buvons ! s’écrièrent tous les Frères de la Côte électrisés.

Alors le vin et l’eau-de-vie coulèrent à flots.

La nuit entière se passa dans une orgie dont les proportions, vers le matin, devinrent gigantesques. Le comte de Lhorailles, grâce au talisman que, en le quittant, lui avait donné le baron, s’était, aussitôt