une proposition à vous faire qui, je le crois, ne peut que vous être avantageuse.
— Cette proposition, mon ami, avant que vous me la disiez, je la connais déjà. Je vous en remercie et je l’accepte, répondit vivement le Français.
— Ainsi, c’est convenu. Nous partons ensemble ; vous venez avec moi dans l’Apacheria ?
— Oui.
— Parbleu ! j’ai de la chance. À peine me suis-je séparé du Cœur-Loyal, que Dieu place sur mes pas un ami aussi précieux que lui.
— Quel est ce Cœur-Loyal dont vous me parlez[1] ?
— Cet ami avec lequel j’ai si longtemps vécu, et que vous connaîtrez un jour. Alors à la grâce de Dieu ! A la pointe du jour nous nous mettrons en route.
— Quand vous voudrez.
— J’ai donné rendez-vous à la Tête-d’Aigle, à deux journées d’ici. Je me trompe fort, ou il doit déjà m’attendre.
— Mais qu’allez-vous faire en Apacheria ?
— Je ne le sais pas ; la Tête-d’Aigle m’a prié de l’accompagner, j’y vais ; j’ai pour précepte de ne jamais demander à mes amis plus qu’il ne veulent me dire de leurs secrets ; de cette façon, eux et moi nous sommes plus libres.
— Parfaitement raisonné, mon cher Belhumeur ; mais puisque nous devons vivre longtemps ensemble, du moins je l’espère…
— Moi aussi.
— Il est bon, continua le Français, que vous sa-
- ↑ Voir les Trappeurs de l’Arkansas, 1 vol. in-12, Amyot, éditeur.