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consolateur, appesantit les lourdes paupières des malheureux, qui, s’ils ne dormirent pas, tombèrent cependant dans une somnolence qui fit, pour quelques instants du moins, trève à leurs affreuses tortures.

Tout à coup, vers le milieu de la nuit, un bruit formidable les réveilla en sursaut, un tourbillon brûlant passa sur eux, le tonnerre éclata avec fracas.

Le ciel était noir comme de l’encre, pas une étoile, pas un rayon de lune, rien que d’épaisses ténèbres qui ne permettaient même pas de distinguer les objets les plus rapprochés.

Les pauvres diables se redressèrent avec épouvante ; ils se traînèrent comme ils purent auprès les uns des autres, se serrant comme des agneaux surpris par l’orage, voulant, par cet égoïsme inné chez l’homme, mourir tous ensemble.

— Temporal ! temporal, s’écrièrent toutes les voix avec un accent de terreur impossible à rendre.

C’était en effet le temporal, cet épouvantable fléau, qui déchaînait toutes ses fureurs et passait sur le désert pour en changer la surface.

Le vent mugissait avec une force inouïe, soulevant des nuages de sable qui tourbillonnaient et formaient des trombes énormes qui couraient avec une vélocité extrême et tout à coup éclataient avec un fracas épouvantable.

Les hommes, les animaux saisis par la rafale étaient entraînés dans l’espace comme des fétus de paille.

— Ventre à terre ! criait le comte d’une voix formidable, ventre à terre ! c’est le simoun d’Afrique ! ventre à terre, si vous tenez à la vie !